Version originale publiée le 31 octobre 2021.
Version traduite publiée le 13 décembre 2021.
Un casque bleu et des villageois Hema dans un village détruit en Ituri. (Alex Mcbride Wilson/Al Jazeera)
Il y a au moins 120 groupes armés actifs en République Démocratique du Congo (RDC) dû à un manque de gouvernance efficace. Des minorités historiquement persécutées sont toujours visées, et la violence contre elles a récemment empiré.
En Ituri, les Hema ont été visés dans ce qui pourrait constituer le génocide, selon le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Des tensions entre les Lendu et les Hema sont nées pendant l’ère coloniale, quand l’Empire colonial belge a donné aux Hema un statut social plus élevé. Ce conflit a dégénéré en guerre entre 1999 et 2003. En 2017, la mort d’un prêtre Lendu a provoqué des discours haineux anti-Hema, avec des accusations erronées que les Hema voulaient « exterminer » les Lendu. La Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), une milice Lendu, a attaqué les Hema. Ils ont violé, décapité, et mutilé des victimes et utilisé des parties du corps comme trophées. Un cessez-le-feu et une délégation d’anciens chefs de guerre envoyée par le Président Félix Tshisekedi en 2020 pour négocier la démobilisation de combattants CODECO ont eu peu d’effet. En fait, l’Ituri a connu une hausse de violence.
Les Luba d’origine kasaïenne (les Kasaï-Luba) font face à la xénophobie dans l’ancienne province du Katanga depuis qu’ils s’y sont réinstallés sous la domination coloniale. Pendant les années 1990, quand les chefs katangais ont ordonné l’expulsion de « non-natifs », plus de 5,000 Luba ont été tués. Pendant les années 2000, des kasaïens qui sont retournés ont fait face à des accusations d’exploitation économique. Dans une étude du BCNUDH sur les discours haineux en 2020, 37% des cas en RDC visaient les Luba. Le Président Tshisekedi est un Kasaï-Luba. Certains Katangais—qui avaient soutenu son prédécesseur Joseph Kabila et qui s’étaient senti humiliés par la victoire électorale de Tshisekedi en 2019—ont attaqué des Luba.
Au Kasaï, les Luba sont vus comme des « étrangers ». Une rébellion Luba, le Kamiuna Nsapu, a émergé en 2016 suite à un conflit politique local au Kasaï-Central, causant une crise humanitaire. En 2017, les forces de l’état ont réagi avec une violence excessive, en particulier contre des Luba. Le Bana Mura, une milice principalement de l’ethnie Chokwe, s’est joint aux forces de l’état dans la province du Kasaï, visant les Luba et le sous-groupe des Lulua dans le but de les éliminer. Selon l’ONU, tous les acteurs ont commis des crimes contre l’humanité. Le Bana Mura a persécuté les Luba. La crise s’est calmée en 2018, mais des enfants restaient enlevés en 2020. Un conflit récent entre les Luba et Kuba pourrait causer une nouvelle crise.
Les « Banyarwanda » ou « Rwandophones » (des groupes d’origine ethnique Rwandaise) sont persécutés. La citoyenneté des Tutsi est contestée parce que certains Tutsi sont arrivés au Congo après l’indépendance en 1960. Pendant les guerres du Congo (1996-2003), le Rwanda a envahi le Congo (alors nommé le Zaïre) pour renverser le Président Mobutu et mettre terme aux attentats par des Hutu Rwandais en exil, y compris des membres des Interahamwe. Des Rwandophones Congolais se sont joints aux attentats de l’armée Rwandaise. De nos jours, tous les Rwandophones restent associés à cette invasion. Des allégations de soutien du Rwanda à des groupes d’autodéfense Tutsi augmentent le sentiment anti-Tutsi. Des milices s’opposent au retour de 50,000 réfugiés Banyarwanda qui habitent dans des camps au Rwanda depuis les années 1990. Les Forces démocratiques de la libération du Rwanda, un groupe Hutu et un rejeton des Interahamwe, vise toujours des civils.
Les Batwa, un peuple forestier connu comme les « Pygmées », sont persécutés. Des politiques discriminatoires les soumettent au génocide culturel. Bien que leurs méthodes de chasse aident la conservation, des gardes forestiers bloquent violemment l’accès aux forêts dont ils dépendent. En 2021, le parlement a fait passer une loi contre la discrimination anti-Batwa.
Des forces spéciales américaines offrent de l’aide pour combattre les Forces démocratiques alliées, un groupe islamiste et le groupe le plus meurtrier de la RDC. L’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu n’a pas réussi à mettre fin à la violence. La RDC est à l’Etape 5: Organisation, l’Etape 8: Persécution, et l’Etape 9: Extermination.
Genocide Watch recommande que:
Les USA et l’UE aident l’ONU et le gouvernement de la RDC avec la dissolution de milices pour empêcher le génocide.
L’ONU, les USA, et l’UE augmentent l’aide humanitaire pour les réfugiés et les personnes déplacées internes.
La version originale de ce rapport est accessible ici.